Le changement climatique a déjà des effets sur le cycle de l’eau et ces derniers seront amenés à se renforcer sur les prochaines années. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, ces effets sont amplifiés par une forte pression sur la ressource en eau liée à la période de sécheresse estivale. Combinés aux pressions anthropiques, ces effets font peser des risques sur la qualité et la quantité de ressource disponible. Les impacts sanitaires et environnementaux sont nombreux : perturbation des écosystèmes et de la biodiversité, pathologies hydriques, prolifération d’agents pathogènes, etc. Face à ce constat, il est nécessaire de mettre en place des actions coordonnées tant au niveau des eaux de consommation que des eaux de baignade. Dans le cadre de la planification écologique, le plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau (Plan Eau) [1] a pour objectif de garantir de l’eau pour tous, de qualité et des écosystèmes préservé dans un contexte de changement climatique. Les actions mises en œuvre dans le cadre de ce Plan régional santé environnement visent à s’articuler avec ce plan eau et les différentes politiques et règlementations existantes, dans une logique de complémentarité, afin de limiter les impacts sanitaires en lien avec le changement climatique et tout en s’inscrivant dans une démarche « une seule santé ».
Action 7 : Anticiper et réduire les impacts sur la santé des différents usages de l’eau
Promouvoir une utilisation sobre de l’eau et accompagner le développement de l’usage des eaux non conventionnelles
Le recours aux eaux non conventionnelles (ENC), dont la définition reste à préciser, peut, dans le cadre d’une gestion territorialisée et intégrée, constituer une solution intéressante pour optimiser la disponibilité de la ressource [2]. Cette mesure vise ainsi à accompagner les collectivités territoriales dans une approche globale de sobriété sur l’eau dans leur territoire, qui s’appuie sur la réalisation de diagnostics territoriaux et d’un diagnostic régional pour le développement de l’usage des eaux non conventionnelles (eaux usées, eaux grises, eaux de pluie, eaux impropres à la consommation humaine (EICH)). L’enjeu pour l’usage des eaux non conventionnelles est en premier lieu de vérifier leur absence d’impact pour la santé humaine et les écosystèmes.
Aussi, cette mesure vise également l’accompagnement du développement des Eaux Impropres à la Consommation Humaine dans les habitats collectifs et les établissements recevant du public contribuant ainsi à une utilisation durable de ces ressources alternatives.
Elle a également pour objectif la réalisation d’actions de sensibilisation et de campagnes de prévention contribuant à promouvoir la sobriété des usages de l’eau à destination des particuliers. Enfin, elle ambitionne d’inciter les collectivités à renforcer les contrôles sur les prélèvements d’eau pour tous les usages. Les projets veilleront à garantir une gestion responsable des ressources en eau, favorisant la préservation des écosystèmes aquatiques et assurant la durabilité des approvisionnements en eau potable.
Pilotes : ARS-DREAL-Région
Indicateurs :
– Nombre de diagnostic territoriaux réalisés pour le développement de l’usage d’eaux non conventionnelles.
– Diagnostic régional réalisé pour le développement de l’usage d’eaux non conventionnelles.
– Nombre d’actions de sensibilisation et de campagnes de prévention réalisées.
Préserver la qualité de l’eau distribuée
Cette mesure vise à accompagner la généralisation des plans de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau (PGSSE) en intégrant dans leurs objectifs les nouvelles problématiques associées au changement climatique et aux polluants émergents. Ces plans de gestion visent à recenser l’ensemble des risques tout au long du circuit de production et de distribution publique de l’eau potable et à mettre en œuvre un plan de maitrise des risques. Les PGSSE doivent être réévalués régulièrement. Leur mise en œuvre, soutenue par l’Agence régionale de santé (ARS) depuis 2019, est désormais obligatoire, et sera pleinement applicable en 2027. Les risques émergents (polluants organiques persistants, métabolites de pesticides) et les pressions sur les ressources en eau dues aux effets du changement climatique, doivent aussi être intégrés dans l’analyse des risques. De même, les pertes d’eau au cours des étapes de production, de stockage et de distribution constituent également une problématique à prendre en considération, en raison des impacts sanitaires qu’une pénurie d’eau peut générer.
Afin de garantir la qualité de l’eau distribuée, cette mesure vise également à sensibiliser les collectivités et les populations non raccordées au réseau public d’eau potable disposant de forages et/ou de prélèvements individuels utilisés sans traitement, aux risques sanitaires encourus et à la règlementation en vigueur.
Enfin, il s’agira de réaliser des études sur l’impact de la température de l’eau et des étiages sévères sur la qualité des eaux prélevées et distribuées. Cette initiative vise à mieux comprendre les conséquences potentielles des variations thermiques et des niveaux d’étiage critiques sur la qualité des ressources en eau destinées à la distribution. En analysant ces paramètres, l’objectif est d’anticiper et de prendre des mesures proactives pour préserver la qualité de l’eau potable, même dans des conditions environnementales difficiles. Ces études contribueront à renforcer la résilience des systèmes d’approvisionnement en eau face aux défis liés au changement climatique et aux fluctuations des ressources en eau.
Pilotes : ARS-DREAL-Région
Indicateurs :
– Nombre de diagnostic territoriaux réalisés pour le développement de l’usage d’eaux non conventionnelles.
– Diagnostic régional réalisé pour le développement de l’usage d’eaux non conventionnelles.
– Nombre d’actions de sensibilisation et de campagnes de prévention réalisées.
Prévenir le risque légionelles
Cette mesure s’appuiera sur les outils et ressources déployés au niveau national dans le cadre de l’action 12 du PNSE 4.
Les légionelles, des bactéries naturellement présentes dans les milieux aquatiques, peuvent représenter une menace sérieuse pour la santé humaine lorsqu’elles se multiplient dans des systèmes d’eau tels que les réseaux de distribution d’eau chaude et froide des bâtiments. L’inhalation de gouttelettes d’eau contaminées peut provoquer une infection pulmonaire potentiellement grave, connue sous le nom de légionellose. Le changement climatique, avec ses implications sur la température et les modèles météorologiques, pourrait influencer les conditions propices à la prolifération des légionelles.
Cette mesure, vise à sensibiliser les gestionnaires d’établissements recevant du public (ERP) aux risques sanitaires liés à la prolifération de la bactérie des légionelles et aux mesures de prévention associées. Elle pourra également concerner des actions de sensibilisation du grand public.
Pilote : ARS
Indicateur : Nombre d’actions de sensibilisation des gestionnaires d’ERP ou du grand public réalisées
Favoriser l’accès à des zones de baignade en milieu naturel tout en prévenant les risques sanitaires émergents
L’accès à des zones de rafraîchissement face aux vagues de chaleur croissantes constitue un défi majeur en Provence-Alpes-Côte d’Azur, particulièrement exposée aux canicules et aux îlots de chaleur urbains. Les baignades en eaux naturelles émergent comme une solution prometteuse, offrant des avantages similaires voire supérieurs en termes d’activités physiques, de liens sociaux, de loisirs abordables, et de connexion avec la nature. Cette transition répondrait aux défis tout en assurant l’accès nécessaire aux zones de rafraîchissement.
L’objectif poursuivi dans le cadre de ce plan régional santé environnement est de favoriser l’essor de nouvelles baignades en milieu naturel. Il s’agira d’accompagner et guider les collectivités volontaires dans ces démarches et de veiller à la bonne prise en compte des enjeux de sécurité sanitaire pour les usagers, notamment concernant les risques émergents.
En effet, le changement climatique a des répercussions sur de nombreux aspects de l’environnement, y compris les milieux aquatiques. L’émergence de risques sanitaires jusqu’alors peu connus ou peu présents dans la région, tels que le développement d’organismes nuisibles comme Ostreopsis ovata, nécessite une attention particulière tout en inscrivant ces actions dans la démarche « une seule santé ». Cette mesure vise à améliorer les connaissances sur ces risques et à informer la population et les parties prenantes concernées.
Pilote : ARS
Indicateur : Nombre d’études réalisées pour de nouveaux projets de baignade