Action 8 – Santé et biodiversité, de la réduction des risques à une approche fondée sur les co-bénéfices
Provence-Alpes-Côte d’Azur se distingue par une biodiversité exceptionnelle, abritant 65% de la flore française, avec 56% de son territoire classé en tant que patrimoine naturel protégé. Cependant, cette richesse est confrontée à des pressions anthropiques telles que le changement d’usage des sols, la surexploitation des ressources naturelles, les pollutions, les déplacements, et les effets déjà visibles du changement climatique, mettant en péril cet équilibre fragile.
La santé des humains et celle des autres êtres vivants sont étroitement liées. Les scientifiques identifient les bienfaits du contact avec la nature pour les défenses immunitaires, le bon fonctionnement de l’organisme, la réduction du stress, le cœur, les muscles, les sens, la régulation de l’humeur, la concentration, la réduction de l’apparition de troubles mentaux comme la dépression, l’anxiété, le stress et l’hyperactivité. La biodiversité est également à la base d’une alimentation saine et variée, aidant à la prévention des maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle et l’obésité, et à l’origine de la majorité des médicaments.
A contrario, la perturbation des écosystèmes et la perte de biodiversité ont des impacts majeurs sur la santé humaine par l’émergence, la transmission et la propagation de nombreuses maladies infectieuses. Par conséquent, la préservation de la biodiversité ne constitue pas seulement une responsabilité environnementale, mais revêt également un rôle déterminant pour la santé humaine et celle des écosystèmes. La démarche globale « une seule santé » souligne l’importance cruciale de maintenir un équilibre harmonieux entre la biodiversité et la santé pour assurer la durabilité des communautés régionales.
Maladies vectorielles transmises par les moustiques : renforcer la mobilisation sociale et lutter contre la présence de gîtes larvaires
Cette mesure s’appuiera sur les outils et ressources déployés au niveau national dans le cadre de l’action 11-1ère partie du PNSE 4 tels que la version actualisée du guide du Centre national d’expertise sur les vecteurs (CNEV) et du Ministère de la santé à l’attention des collectivités souhaitant mettre en œuvre une lutte contre les moustiques urbains vecteurs de dengue, de chikungunya et de zika ou encore les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sur les biocides utilisés dans le cadre de la lutte anti-vectorielle.
Avec plus de 97% de la population vivant au contact du moustique tigre, Provence-Alpes-Côte d’Azur est une des régions les plus exposées aux maladies vectorielles transmises par les moustiques (arboviroses : chikungunya, dengue, Zika). La hausse des températures liée au changement climatique contribue à la prolifération des moustiques et allonge la période favorable aux activités extérieures (et donc d’exposition aux piqûres). Par ailleurs, en période touristique, la région accueille une population potentiellement moins informée sur les risques vectoriels et les conduites à tenir. L’allongement de la période d’exposition, l’augmentation de la présence des moustiques et la venue d’une population touristique moins sensibilisée augmentent donc la probabilité de transmission des maladies vectorielles (et donc le potentiel d’épidémies). Pour lutter contre ces maladies, il n’existe aujourd’hui ni vaccin recommandé ni traitement antiviral spécifique. Ainsi, le contrôle des populations de moustiques [1] et la prévention contre leurs piqûres restent les principales solutions pour limiter le développement de ces pathologies.
Cette mesure entend favoriser la mobilisation sociale et l’éducation sanitaire par le biais de campagnes de communication innovantes et ciblées. Elle entend également développer et fournir les outils nécessaires à des « acteurs-relais », capables de communiquer des messages de prévention auprès de la population. L’objectif est de sensibiliser les habitants de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi que les touristes, à l’adoption de gestes simples et peu contraignants, permettant de limiter la prolifération des moustiques et de se protéger des piqûres.
Toutefois, la maitrise de la prolifération de moustiques ne peut reposer uniquement sur la sensibilisation de la population. En effet, il sera également nécessaire de mobiliser les collectivités territoriales (y compris en cas d’épidémies) et de mener des actions de formation et d’information à destination des professionnels du bâti (architectes, urbanistes, paysagistes notamment) et de l’aménagement (collectivités territoriales particulièrement) sur la lutte contre la formation de gîtes larvaires. Il s’agira d’accompagner et de promouvoir l’engagement de ces derniers afin qu’ils intègrent la question de la lutte anti-vectorielle dans leur pratique professionnelle (par exemple via les labels de construction). L’objectif est d’aboutir à l’intégration systématique de mesures préventives dans le cadre de nouveaux projets d’aménagement (de la conception à la livraison) ou des mesures correctives (repérage et suppression) dans le cadre de projets existants.
Pilote : ARS
Indicateurs :
– Nombre de projets de mobilisation sociale, d’éducation sanitaire et de lutte contre la formation de gîtes larvaires
– Nombre de nouveaux outils / campagnes de communication
– Nombre d’engagements pris dans les politiques d’entretien et d’aménagement du territoire
Espèces exotiques envahissantes : mieux comprendre, prévenir et lutter contre leurs impacts sur la santé et l’environnement
Cette mesure s’appuiera sur les outils et ressources déployés au niveau national dans le cadre de l’action 11-3ème partie du PNSE 4.
Certaines espèces, animales ou végétales, exotiques envahissantes (EEE) ont des effets délétères sur la santé humaine (allergie respiratoire, risque en cas d’ingestion ou de contact cutané) et sur l’environnement (déséquilibre des écosystèmes). Avec le changement climatique et les pressions anthropiques, ces effets vont certainement s’intensifier. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’ambroisie, la berce du Caucase, la fourmi électrique, les chenilles processionnaires du pin ou encore du chêne font partie de ces EEE.
Cette mesure vise à améliorer les connaissances sur la présence de ces espèces, ou d’espèces émergentes, dans la région. L’acquisition de données scientifiques ainsi qu’une approche transversale permettront de mieux appréhender leur implantation, de déterminer les fronts de colonisation et de mieux comprendre leurs impacts sur la santé et l’environnement. Une attention particulière sera portée à la présence des chenilles processionnaires du chêne et du pin.
En cas d’impacts vérifiés et de présence invasive nocive pour la santé humaine et planétaire avérée, cette mesure soutiendra la mise en œuvre de plans de lutte, à l’image des plans départementaux contre l’ambroisie déjà déployés en région. Ces derniers devront privilégier les solutions fondées sur la nature. A titre d’exemple, pour la gestion de l’ambroisie, les techniques préventives et curatives privilégient les moyens de lutte mécanique (couverture du sol, arrachage, fauchage, introduction de prédateur, etc.).
Enfin, des actions de sensibilisation et de prévention devront également être mises en place afin de limiter l’exposition de la population à ces espèces, en lien avec les acteurs de la surveillance et de la lutte contre leur prolifération.
Pilotes : ARS-DREAL
Indicateurs :
– Nombre d’espèces exotiques envahissantes ayant des impacts sanitaires recensées
– Rapport de synthèse sur la présence de chenille processionnaire du chêne et du pin en Provence-Alpes-Côte d’Azur
– Nombre d’arrêtés préfectoraux de dispositif de lutte
– Nombre de référents territoriaux désignés dans le cadre des dispositifs de lutte
Surveiller la santé de la faune terrestre et prévenir les zoonoses
Cette mesure s’appuiera sur les outils et ressources déployés au niveau national dans le cadre de l’action 20 du PNSE 4.
La surveillance de la santé de la faune terrestre dans un contexte de changement climatique est essentielle pour prévenir la propagation des zoonoses, anticiper les risques émergents et promouvoir la santé globale des écosystèmes et des populations humaines.
La structuration d’un réseau « une seule santé » contribuera à renforcer la collaboration et le partage d’informations entre les acteurs de la surveillance des maladies zoonotiques (Influenza aviaire, West Nile, maladies vectorielles telles que la fièvre hémorragique de Crimée Congo ou encore Cryptosporidiose) . Il s’agira également de mettre en place des actions de communication coordonnées pour sensibiliser les acteurs des filières animales (avicole et équine notamment) aux risques potentiels pour la santé humaine des maladies de la faune terrestre, en s’appuyant sur les campagnes de prévention déployées au niveau national.
Pilotes : DRAAF-ARS
Indicateurs :
– Nombre de procédures formalisées dans le cadre du conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CROPSAV)
– Nombre d’actions de sensibilisation réalisées
[1] La doctrine générale de l’ANSES est aujourd’hui que, pour éviter l’apparition de résistance et limiter les impacts des produits sur l’Homme et l’environnement, les méthodes non chimiques sont à privilégier dans la mesure du possible. Les traitements à l’aide d’insecticides adulticides doivent rester des moyens ponctuels, destinés à éviter la propagation de la maladie autour des foyers de contamination dans un cadre bien défini, en fonction notamment du contexte épidémiologique et des conditions locales.